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Durant le trajet, on "passe" l'immigration indonésienne: deux gars ont installé une table sur le bateau et tamponnent nos passeports.
Après deux heures dix de voyage, on arrive à Dumai. Il est 11h00 locales. Un rabatteur nous invite à monter dans son minibus en direction de la station de bus, où on pourra trouver un moyen de transport pour Bukittinggi. La course en minibus est gratuite, le type touche sûrement une commission sur le prix du bus. Ca sent un peu l'arnaque mais on le suit quand même. En chemin, on s'arrête pour changer de l'argent: un dollar américain vaut 8000 rupiahs.
Quand il nous dépose au bureau de la compagnie de bus, on nous annonce que le prix du minibus pour Bukittinggi est de 85000 rupiahs. C'est beaucoup trop cher, et on va donc voir ailleurs. Le rabatteur nous suit et demande maintenant qu'on lui paie la course depuis le port. Comme il nous avait dit que le bus coûterait autour de 50000 seulement, et donc nous a menti, on l'envoie balader. Toute la rue est bordée de compagnies de bus. On trouve un beau bus tout neuf qui ne coûte que 45000 rupiahs, et qui part à 16h00 C'est parfait. On réserve nos places puis on va boire du thé dans un tea shop local.
Le bus quitte finalement Dumai à 17h00. Vers 19h00, on s'arrête une bonne heure pour la pause repas. On goûte à notre premier repas Padang: on nous amène une floppée de plats sur la table, et on ne paie que les plats auxquels ont a touché. On remonte dans le bus, les lumières s'éteignent, et on essaie tant bien que mal de se reposer. Avec la musique à tue-tête ce n'est pas évident. On s'endort finalement et après quelques heures...
... on arrive à Bukittinggi. Il est 4h15 du matin. On descend du bus et on essaie de s'orienter. On a l'impression d'être près du centre alors on refuse les services des taxis, persistants. On marche, on marche, et on se rend compte qu'on est à plusieurs kilomètres du centre-ville. Tout d'un coup, tous les muezzins de la ville se déchaînent pour réveiller la population. C'est assez spécial: chaque muezzin récite des passages différents du coran, ce qui donne une sacrée cacophonie.
On arrive à l'hôtel Singgalang vers 5h00. On y prend une chambre avec salle de bains commune pour 25000 rupiahs. On décide de dormir un peu avant de visiter la ville. On se réveille vers 11h00. Il pleut. Après une bonne douche, on discute avec Abdullah, le manager, autour d'un thé. Il nous propose de faire une visite des environs de Bukittinggi demain: voir des plantations, visiter le palais de l'ancien roi, se baigner dans un lac, etc., le tout pour 65000 rupiahs. Après une courte réflexion, on accepte.
On sort, mais comme il s'est remis à pleuvoir de plus belle, on s'abrite dans un internet café pour une heure. Il pleuvine encore quand on entame notre tour de ville. Notre première étape est le marché. Il n'a rien d'exceptionnel, peu de fruits, et pas d'ambiance. On fait ensuite la promenade à pied conseillée par le lonely planet. Malheureusement le temps est vraiment moche et c'est un peu tristoune. En passant devant le Novotel, on voit une banderole qui annonce pour ce soir un repas buffet avec spectacle traditionnel Minangkabau, pour seulement 35000 rupiahs par personne. On va se renseigner et on réserve une table.
On passe à l'hôtel pour se changer: il fait froid dans cette ville le soir, on n'a plus l'habitude... Vers 19h00 on retourne au Novotel.
On est accueillis comme des rois. On sirote une bière en découvrant la musique traditionnelle locale. Un peu plus tard, on attaque le buffet: soupe, salades, riz, viandes, poisson et légumes. Excellent. On mange beaucoup et du coup, on n'abuse pas du buffet de desserts. Tout le long du repas, il y a de la musique, de la dans, et une démonstration de silat, un art de self-défense.
Après une bonne douche gelée, on prend un banana lassi au bistrot d'en face. On monte ensuite dans le minibus pour notre excursion. Quatre danoise nous rejoignent. On part tout d'abord voir l'équateur. On roule une bonne heure pour ne voir qu'une banale ligne peinte par terre, et être accostés par des vendeurs qui essaient de nous faire acheter des t-shirts "I've crossed the Equator". Rien d'exceptionnel, mais on en profite pour faire quelques photos... Notre guide nous dit que demain, lors de l'équinoxe d'automne, des scientifiques vont venir ici pour contrôler si la ligne a bien été peinte au bon endroit. En effet, les gens pensent que les hollandais qui ont tracé la ligne se seraient trompés d'une cinquantaine de mètres.
Lors de notre arrêt à Sungai Tarab, on voit un moulin à café hydraulique. Dans le même coin, on découvre des plants d'ananas, les arbres dont l'écorce donnent la cannelle, ceux qui donnent les clous de girofle, les jaquiers... On voit aussi les palmiers dont le fruit, la noix de bétel, donnent aux dents de ceux qui en mâchent beaucoup une affreuse coloration rouge.
Après un bon repas Padang, on roule jusqu'à Batu Sangkar, où se trouve Rumah Gadang Payarugung, une réplique fidèle du palais de l'ancien monarque local. Ce palais, détruit par les Hollandais lors de la colonisation, a été reconstruit en 1960. Comme beaucoup d'habitations dans cette région, le toit de ce palais est décoré de plusieurs "cornes". La légende dit qu'un jour, le roi de Java voulut conquérir Sumatra. Le roi de Sumatra lui proposa un combat de buffle dont l'enjeu serait la souveraineté de l'île. Le jour du combat, le roi de Java arriva avec un imposant buffle. Les habitants de Sumatra n'avaient malheureusement que des petits buffles, et il durent ruser: ils affamèrent un jeune buffle durant les jours précédant le combat, et l'armèrent de deux couteaux sur ses petites cornes. Quand vint l'heure du combat, le petit buffle, croyant voir sa mère, alla sous le gros buffle pour le téter et du coup, le tua. C'est ainsi que le roi de Sumatra gagna la bataille. Le mot "minangkabau", qui désigne cette région et son peuple, signifie d'ailleurs "la victoire du buffle". Dès lors, le buffle est devenu un animal sacré, et les pointes sur les toits symbolisent les cornes de l'animal victorieux.
Notre prochain arrêt est à Balimbing, où l'on a la chance de voir une ancienne maison traditionnelle, vieille de 300 ans. A l'intérieur, il y a une grand pièce commune. Dans l'une des parois, plusieurs petites ouvertures mènent aux chambres. La particularité de la société minangkabau est d'être matriarcale. L'époux vient vivre dans la maison des parents de sa femme jusqu'à ce que le couple puisse fonder un foyer, qui appartiendra à la femme. Du coup, dans les maisons traditionnelles, les chambres ne sont construites que pour les filles. Leurs portes d'accès sont minuscules afin d'inciter les jeunes filles à trouver un futur mari mince, qui sera actif et travailleur, à l'inverse d'un gros paresseux. Les garçons, dès l'âge de six ans, dorment dans la pièce principale. A l'adolescence, ils vont vivre en communauté dans des "bachelor houses". Il est difficile de s'imaginer cela dans un pays très islamique, mais apparemment les minangkabau arrivent très bien à concilier les deux modes de vie.
On s'arrête au Singkarak Lake, et on prend un bain dans l'eau, très fraîche. Vers 18h30, on est de retour à l'hôtel. On soupe dans un traveller's café: des brochettes au satay, du gado-gado (une salade de légumes cuits avec une sauce à la cacahuète), un pain à l'ail (pour chasser les moustiques) et des boissons. De retour au Singgalang, on confirme nos billets pour le lac Toba (100000 rupiah, ferry pour l'île inclus).
On prend une douche glaciale et on prépare nos sacs. On prend deux "fruit musli": des fruits avec du riz cuit sucré genre rice pudding. C'est bon, mais ce n'est pas vraiment ce à quoi on s'attendait. A notre retour à l'hôtel, Abdullah nous annonce que le minibus pour Parapat a des problèmes de démarreur et qu'ils sont en train de le réparer.
On part finalement vers 11h00. Il est un peu pourri mais on n'est que trois passagers, on a donc assez de place pour se mettre à l'aise. On s'arrête deux fois, pour le lunch et le souper. La fin de la route est très accidentée, mais on s'endort tout de même. On arrive à Parapat vers 1h00, et on prend une chambre au Tobali Inn (25000 rupiahs).
On est arrivés au nord de Sumatra. La jungle y est encore dense, parfois. Oserez-vous vous y aventurer ?